15 mars 2016
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L’Allemagne et la France à travers leur leader politique veulent construire une unité du genre humain sans frontières, mettre idéalement en place un vivre-ensemble pluri-ethnique et pluri-culturel sur un même territoire (européen).
Mais la "frange" déjà importante d'allemands (de souche ou pas, maintenant officialisée par les urnes, et de français (idem) qui ne veulent pas suivre dans un accueil émigratoire inconditionnel devrait encore être vue comme une fracture (naissante, de plus) qui a vocation d’interpeler quant à la possibilité d'un tel rêve ou utopisme européen ! Avec les anglais et autres scandinaves qui 'en peuvent ou n'en veulent plus, ne voilà-t-il pas un pas de plus qui montre que plus on est nombreux plus il est difficile de d'entendre sur des choses ensemble ?...
Alors va-t-il falloir ajouter encore quelques ou beaucoup de lois pro-çi ou anti-ça pour faire se coller des morceaux qui tiennent du fer et de l'argile ? Il apparaît déjà à qui sait lire que plus on réglemente au profit d'un projet mal-assis, plus on tétanise ou on met en colère - au lieu de rendre libre de bien faire... et d'aimer !
Sauf donc aux familles de Souche de massivement émigrer, on ne voit pas comment une unité largement territoriale peut se faire suffisamment vite (car ça tient aussi de la course contre la montre !)... Et encore même cela ne serait pas le tout nécessaire car d'autres fractures majeures sont ailleurs.
Sauf donc en plus à des patrons et entreprises, même bien disposés pour réussir mais coincés dans une machine économique grippée, de s'exiler sous des lois plus propices, on n'aperçoit pas comment les divergences récurrentes patronat-syndicats vont se mettre à fondre pour former un long fleuve unique et tranquille où patrons et employés pêchent ensemble la truite ou jouent à la pétanque pendant leurs week-ends !? Mais aurons-nous même par ça solutionner la question et la volonté d'un vivre-ensemble sans animosité ?
Sauf à voir aussi beaucoup beaucoup de couples (avec ou sans enfants) séparés, brisés, haineux, divorcés, à la rancune solitaire ou aux recompositions explosives, soudain se réconcilier, tirer en rien de temps un trait sur leur passé déchirant et déchiré en se pardonnant mutuellement. voyez-vous comment une unité existentielle de grande envergure peut se construire dans chaque pays européen et de facto en Europe, si rien qu'entre ces millions de personnes qui s'étaient pourtant déjà trouvées des atomes crochus, plus rien ne va au bout de quelques mois ou années ?...
(Et - juste Pour Mémoire - je cite les inconciliables des cerveaux (droits et gauches) politiques où on se ressoude aléatoirement sur quelques compromis obligés sinon on se crêpe le chignon jusqu'à renier père-idéologue et mère-soucieuse (pour l'avenir de leurs petits). J'oublie presque (pour ne pas faire plus de vagues aux amalgames) la question déjà bien en place du voile et de l'islam...).
Donc récapitulons ! Considérant rien que le mal-vivre-ensemble qui sévit, persiste et signe tous les quatre matins entre européens de xième générations rassemblés par de forts intérêts communs (travail, réussite économique collective, construction familiale, gouvernance politique national et européen... tout ça pas gagné d'avance), comment résoudre au sein de telles cacophonies relationnelles et autres crises, l'intégration de moultes précarités nouvelles et de forces vives sans véritable visage... qui déjà psychiquement nous dépassent !?... Je crois qu'il faut une foi ÉNORME pour croire (encore) qu'on est sur la bonne voie !...
Revenant donc plus près du Réel, d'où vient ce soudain élan compassionnel de la Chancelière et du Président ?
C'est certain déjà qu'on ne peut pas être dur à inflexible en tout ! Si on se montre trop contraignant ou exigeant d'un côté (...), il faut bien aussi exprimer, en tant qu'être humain présent sous le manteau d'une souveraineté, un cœur généreux quelque part !
On appelle cela pour le mieux compensation (si on reste à des termes de psychologie) ou œuvres charitables ou rédemptrices (si on est croyant). Et si on ne veut pas voir des causes bien plus actuelles, dans tous les cas autant un passé colonial que deux guerres abominables peuvent servir de motifs pour une quête d'union et une acceptation sans condition de la misère étrangère qui nous arrive.
Plus profondément encore, je vois dans l'enthousiasme de l'accueil par Mme Merkel (dans un espace Schengen "de liberté, de sécurité et de justice" qu'elle n'a certes pas créé mais que d'autres ont ouvert sans forcément réaliser tout ce qu'ils faisaient), une déformation de la charité chrétienne. Court en effet parmi nous depuis le début du siècle - entre autres hérésies -, l'idée de "l'amour inconditionnel" ! Ce concept s'est mis à véhiculer parmi les chrétiens que Dieu étant Amour, nous avons à aimer tous nos semblables de cet amour... qui est permanent ! C'est donc un nouveau glissement pervers, de la Permanence de l'Amour que Dieu est à la notion d'incondionnel, qui dénature une vérité... à notre détriment (comme toute erreur a priori). Car en voulant, dès lors qu'on croit à un amour inconditionnel de Dieu, exprimer nous-même un amour sans limites et sans conditions, on se fait plus aimant, plus accueillant que Dieu lui-même !
Le résultat de cette pseudo ou contre-vérité semée dans le cœur méconnaissant de chrétiens et autres humanistes à la suite, a semble-t-il bien germée et c'est son fruit que nous voyons - avec effarement pour ceux qui ont les yeux ouverts et non séduits - paraître. Rien n'est pire que des presque-vérités : on les voit et combat bien moins facilement que des mensonges. Philippe Murray en est arrivé à nommer leur assemblage "l'Empire du Bien"...
C'est que oui, quelque part, l'Amour de Dieu est inconditionnel ! C'est de là que vient la méprise, et le "succès". Mais comme dit P. Baudot "On est injuste tout à fait dès qu'on n'est juste qu'à moitié". Parce qu'on peut parler effectivement de l'amour de Dieu comme étant permanent et sans condition ni limite "en lui-même" (c'est-à-dire entre les personnes formant ce qu'on appelle la trinité ou sa tri-unité). Mais relativement à nous, bien certainement ce même Amour divin n'est pas sans condition !
Sinon pourquoi en serions-nous si largement privés, même croyants ? Pourquoi soupirions-nous autant à recevoir de cet amour-là* pour mieux aimer notre prochain, alors que la Bible dit que "l'amour de Dieu est répandu dans le cœur de ceux qui croient par le Saint-Esprit qui leur a été donné" (lettre aux Romains ch. 5, v. 5) ?
Et la preuve ultime, manifeste, criante, que l'amour de Dieu n'est pas inconditionnel envers nous les êtres humains, c'est la crucifixion de Jésus ! Pourquoi Jésus meurt-il ? Il est écrit qu'il prend sur lui le péché (les fautes morales et religieuses) des hommes. Il est "l'agneau de Dieu sans défaut et sans tache" qui met fin aux sacrifices d'animaux qui devaient être offerts jusque là sur le parvis du Temple de Jérusalem comme victimes expiatoires ou propitiatoires (globalement pour sauver la vie de qui les amenait à l'autel des sacrifices)... Pourquoi ?
Parce qu'avec l'amour que Dieu est, il y a aussi la justice, qu'il ne peut transgresser. Jésus paraît donc un jour comme expression de cet amour absolu de Dieu, sacrificiel, sans condition préalable, qui va satisfaire la justice divine dont l'effet est de tous nous tenir naturellement morts spirituellement, séparés de Dieu parce qu'aussi il est saint. (Explication au vers. 23 du chap. 6 de la lettre aux Romains). On touche là aux dangers de notre actualité. Comment ?
En voulant aimer sans tenir compte d'éléments de justice, on se montrer injuste ; on fait du bien injustement, c'est-à-dire sans couverture spirituelle, ce qui expose à toutes les attaques... à tous les jugements (justes ou injustes)... (Esaïe ch. 59, V. 14-15). D'où la chienlit dans laquelle on s'enfonce.
Et pour tout dire de ce rapport de l'amour à la justice (rapport qui joue pareillement au plan de l'amitié ou amour-filéo*), l'amour de Dieu ne peut devenir inconditionnel - c'est-à-dire grâce - pour nous et dans nos cœurs qu'à deux conditions !
D'abord que je crois "pour moi" au sacrifice de Jésus, car ce sacrifice qui a été accompli de manière complète du côté de Dieu, n'est que potentiel de notre côté, demande notre adhésion personnelle pour être activé et devenir ainsi, par "ma" foi, moyen efficace pour me purifier (de mes manquements et/ou excès problématiques), et à la suite pour permettre que descende en moi son amour (comme une colombe qui pose ses pieds seulement là où la boue a séché).
Ensuite il faut que je sache bien que si j'aime quiconque sans condition, l'acceptant tel-le qu'il ou elle est avec ses fautes (vis-à-vis de personnes et de Dieu, c'est forcé !) et autres pratiques à problème, c'est uniquement parce que temporairement, par ma foi j'élargis le cercle d'effet de la mort de Christ à cette personne. Ce qui a une réelle efficacité pendant un moment...
Mais cela ne peut pas produire un effet durable dans sa vie et sur sa mort en suspens (sauf si je l'épouse... sans avoir à laisser ma foi pour une autre croyance). Pour que la grâce de Dieu devienne donc le partage le plus effectif pour cette personne (comme pour quiconque), elle doit trouver elle-même à son tour en Jésus la personne qui lui accorde pardon et aides diverses, et la met personnellement en situation (durable, éternel) de paix avec Dieu. Pour ce faire, sans basculer dans le sens négatif qui peut s'attacher au mot prosélytisme (qui méprise ou piétine la liberté de conscience et de choix de l'autre - l'amour, même de Dieu, ne pouvant s'imposer), mais comme écrit dans la Déclaration des Droits de l'Homme de 1948 - art. 18), je lui fais savoir comment il est possible de trouver par la foi (et) en Jésus crucifié puis ressuscité le moyen d'obtenir la grâce divine - qui procure immédiatement la paix de l'âme et du cœur (voire du corps), toutes choses bonnes que Dieu tient en réserve - sous condition d'élection - pour nous.
Mais faute du fondement et par des applications insensées d'un amour inconditionnel envers son prochain, au lieu d'amener un paradis sur Terre, on y rappelle l'enfer !...
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* amour-agâpé en grec, par distinction avec l'amour filéo, partisan, sélectif, qui est dans notre nature.
Published by Claude Thé
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