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29 mars 2018 4 29 /03 /mars /2018 19:43

Suite de la (bonne) nouvelle commencée ici

Jésus est maintenant cloué et attaché sur son instrument de supplice, une croix, depuis presque trois heures.
Le ciel a la couleur et la lourdeur d'une chape de plomb, tenue en suspens au-dessus du monde.

Dans un mouvement plein de courage, presque un soubresaut, Jean s'anime et se faufile pour rejoindre tout près de la croix deux femmes qu'il vient d'apercevoir et semble reconnaître. (les autres sont plus en arrière).

Jésus le regarde arriver... Jean n'ose pas lever les yeux. Il fixe les pieds ensanglantés, aux orteils crispés, transpercés par un énorme clou. L'émotion lui monte aux yeux et à la gorge. Il ne voudrait pas défaillir. Le sentiment qu'il a de sa fuite et de celle de tous les autres lui pèse atrocement depuis hier soir. Mais il veut être là, maintenant.

Jésus bouge un peu la tête du côté de sa mère qui est là depuis au moins deux heures, debout, vieillie, accablée, chancelante, l'âme comme traversée par un glaive. Créature là pitoyable, qui avait accepté avec tant de simplicité et d'innocence de servir l’Éternel Dieu, sans la moindre idée du scénario divin.
Hébétée, interdite, sidérée, sans plus pouvoir penser, ayant déjà connu les affres d'un veuvage quelque peu prématuré, il lui faut un soutien immédiat, sensible, aimant, pour ces jours de vallée de larmes et d'ombre de la mort qui plus que jamais sont là.
Sans céder à la sensiblerie, Jésus l'interpelle par un mot qui pose (comme il a déjà dû faire à Cana) une juste distance entre elle et lui :
- Femme... Voici ton fils.
Marie regarde Jean, à qui Jésus dit maintenant :
- Voici ta mère.
Le jeune homme (dont la maison est à Jérusalem) comprend qu'il lui faut prendre chez lui Marie et la garder près de lui. Ainsi pourra-t-elle entrer elle aussi dans la suite des événements...

 

Puis c'est une obscurité inouïe qui tombe sur le lieu (et sur toute la terre, fut-il dit après), qui durera pendant trois heures, de midi à quinze heures.
Trois heures de fin d'un monde, d'angoisses irrationnelles fondant sur le genre humain. L'épouvante règne comme dans une maison hantée où les démons tels des chiens ou des taureaux en furie exultent.

Jésus se remet à prier, se concentrant à l'extrême pour rester cohérent dans son âme. De la voix encore puissante d'un homme à bout mais qui ne veut pas désespérer, il lève la tête vers le ciel sombre et fermé et appelle son père :
- "Éloï, Éloï ! Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m’as-tu abandonné !?…
Sa voix se casse, il s'étouffe. Il est homme et plus rien qu'un homme livré aux pires conséquences des malédictions entrées en Eden dans le premier Jardin. Condition adamique déchue qu'il a acceptée et voulu épouser dans un amour inouï, pour en sauver le genre - à ce moment encore irrémédiablement condamné.
En sauver au moins quelques-uns.
Il poursuit à voix basse :
- "Pourquoi t’éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes ?... Éternel, ne t’éloigne pas ! Toi qui es ma force, viens en hâte à mon secours ! Protège mon âme contre le glaive, ma vie contre le pouvoir des chiens! Sauve-moi de la gueule du lion, délivre-moi des cornes du buffle ! … Je publierai ton nom parmi mes frères, Je te célébrerai au milieu de l’assemblée…"

Le temps s'est éternisé comme ne pouvant pas aller plus loin. L'air semble manquer. Le soleil darde ses rayons comme des guêpes dans les chairs à vif où se mêlent la sueur et le sang. Partout sans bruit des mouches excitées sucent le sang et les humeurs. Il voudrait les chasser ; se gratter...
Dans l'invisible Satan exulte.
C'est son heure. Enfin l'heure de sa victoire absolue ! Judas s'est suicidé - tant pis pour cet imbécile qu'il aurait revêtu de la puissance ! C'est la fin de ce Jésus qui voulait, qui pensait lui tenir tête et débandait ses hordes avec impudence. C'est désormais la voie à sa toute-puissance à lui, Astre éternel brillant qui va pouvoir se faire adorer par tous : La terre est à lui, pour l'éternité !

¤

La lumière du jour revient et un vent d'est apporte des bruits de l'activité du temple. C'est l'heure du sacrifice. Des agneaux bêlent. Jésus les entend et parvient à les écouter, lointains comme venant d'un autre monde. De beaux agneaux de l'année, sans défaut et sans tache. Les plus beaux des troupeaux... quand encore les coupables ne trichent pas sur la qualité requise. Des agneaux qui ne prospéreront pas, bientôt égorgés...
Jésus sait qu'il est la fin de la Loi (des religions en tant que système), l'accomplissement de la justice divine ; Celui qui fait naître la foi qui sauve et peut la rendre parfaite. Dans un souffle court et d'une voix affermie il peut dire maintenant :
- Tout est accompli.

Nicodème apercevant la tête qui tombe sur la poitrine, se souvient de la parole de Jean le Baptiste qu'on lui a rapportée : "Voici l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde."
Quel prodige ! se dit-il en fixant la croix... sur laquelle il voit maintenant le Dieu descendu élevé comme un trait d'union entre ciel et terre, sanguinolent comme tous les holocaustes et tous les sacrifices consumés par le feu sur l'autel.
Rendu de la couleur bariolée sombre des péchés de la race humaine, il semble là comme incrusté au bois à jamais. Tout à la fois bouc-émissaire honni, sacrifice de culpabilité propitiatoire, offrande d'agréable odeur à l’Éternel. Jamais la terre ne reverra pareil et si puissant spectacle !

Au cœur du silence et des murmures, soudain Jésus pousse un grand cri tout en disant d'une voix exténuée :
- Père… je remets mon esprit entre tes mains.
Et il expira.

Le centenier romain qui se trouvait en face de lui, voyant qu'il avait ainsi expiré, dit : Vraiment cet homme était fils de Dieu !

¤


- Heureusement que tu avais fait tailler ce sépulcre, dit Marie de Magdala à Joseph d'Arimathée.
- Je crois qu'il n'y a pas de place pour le hasard avec notre Dieu, répond modestement l'homme riche.
- C'est vrai, Dieu ne joue pas aux dés comme les romains, renchérit Thaddée.
Nicodème rejoint le petit groupe :
- Il s'est passé une chose, une chose si grande et si belle, dans le temple, exactement à l'heure où Jésus notre Mashiah a expiré : Le rideau, le gros rideau lourd qui sépare le lieu très-saint du lieu saint, s'est déchiré ! Entièrement ! En deux, et de haut en bas ! Vous rendez-vous compte ? De haut en bas.
- Par les bras puissants d'un ange ou par l’Éternel lui-même.
- Et qu'est-ce que ça veut dire frère Nicodème ?
- L’Éternel notre Adonaï nous dit qu'il a agréé la mort de son unique ! Qu'il a fait tomber par elle le mur de séparation et d’inimitié qui nous séparait tous de la glorieuse présence.
- On va pouvoir toucher Dieu alors, dit Thomas !?
- En quelque sorte oui.

- Maître, dit encore Thomas, je n'ai pas entendu ce que tu as rapporté à mes frères de ta rencontre de nuit…
- Je t'en prie - je vous en prie -, ne m'appelez plus Maître, car il y en a un seul et nous le connaissons maintenant.
J'ai dit que lorsque je suis allé le voir une certaine nuit, il m'a rappelé l'épisode que nos pères vécurent dans le désert quand leurs fautes avaient amené dans leur camp des serpents brûlants qui les faisaient mourir tous.
Moïse reçut alors de se faire une haute perche sur laquelle fixer un semblable serpent fait d'airain. Pour que chacun du peuple atteint par une morsure mortelle, qui y regarderait, ne périt pas mais conserve la vie.
Tout le petit groupe avait écouté l'ancien maître devenu disciple, et dans le silence chacun essayait de faire la translation de l'histoire ancienne à la crucifixion du Maître. La peur se dissipait ainsi par moment, sous une espérance qui semblait folle, que Jésus soit à nouveau parmi eux.

Nicodème dit encore : - Cela m'a aussi permis de comprendre la seconde parole (des 10 commandements), concernant les images taillées qu'Adonaï notre Seigneur abomine.
C'est qu'il y a dans notre histoire et dans toutes les choses visibles tout ce qui est nécessaire pour que par elles nous approchions et saisissions ce qu'il en est dans l'invisible vivant.
- C'est pour ça que notre Rabbouni parlait souvent en paraboles, dit une des Marie !
- Nous on n'a jamais aimé les images, contrairement aux autres peuples qui se font des idoles de pierre ou de bois, dit un autre disciple.
- Quand est-ce qu'il reviendra ?
- "L'an prochain à Jérusalem", répondit Nicodème mu par un certain automatisme.
Je veux dire que pour notre Seigneur mille ans ici sont comme un jour de son éternité. Vivons donc, puisqu'il nous accorde encore la vie, et attendons-le comme si son retour était pour ce soir ou demain.
Matthieu - Il a dit aussi de nous aimer ! Et d'aimer même nos ennemis. Et ça pour moi c'est pas facile…
- Pour personne, dit Jacques. Mais essayons, et avec des efforts on y arrivera au moins un peu.
- C'est un commandement que nous avons reçu, dit André !
- L’Éternel peut-il commander d'aimer ?!...
C'est Jean qui a posé la question, soulevant l'oxymore. Et il continua :
- Je ne sais pas comment il va faire, mais il nous donnera lui-même cette capacité. Sondons encore les Écritures des rouleaux ; je suis sûr qu'elles renferment à nos yeux, à nos cœurs - tout comme la nature - beaucoup de choses cachées magnifiques, qui peuvent nous aimer à comprendre.
Nicodème : - Oui, ce qu'il m'a surtout dit en cette nuit mémorable, lumineuse de son assurance et de sa douceur, c'est littéralement : Il te faut naître de nouveau ! Imaginez ma surprise ! Comment puis-je naître une seconde fois, lui réponds-je totalement déconcerté ?
Il m'expliqua alors la naissance spirituelle, celle qui vient tout changer dans le fond de nous-même, lorsqu'on reçoit l'Esprit du Très-Haut. J'ai juste compris qu'on doit de cette manière passer de notre insuffisante religiosité, à une dimension de spiritualité toute nouvelle.
- Loué soit-il, s'enthousiasma Thomas ! Il va nous faire renaître.

¤

Jésus est ressuscité ! Il s'est montré aux femmes qui courent le rapporter aux disciples. Est-ce possible ? Est-ce croyable ?

Le soir de ce même jour, alors que les portes de la maison où les disciples se trouvent sont fermées car ils ont (encore) peur des chefs juifs, Jésus vient se présenter au milieu d'eux et leur dit : - Que la paix soit avec vous !
Puis il leur montre ses mains et son côté, percés. Les disciples sont remplis de joie en voyant tout à nouveau leur Seigneur.

Jésus leur dit encore : - Que la paix soit avec vous ! Tout comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit : - Recevez le Saint-Esprit !

Un feu nouveau venait d'être allumé sur la terre ! Des hommes et des femmes tout à fait ordinaires allaient désormais être changés en messagers de cette bonne nouvelle qui peut donner à quiconque croît la paix avec Dieu, ses protections et sa force pour reprendre le dessus sur les forces du mal.

¤

 

Dans un groupe de jeunes où il a été invité, très curieux Jérémie interroge :
- Pourquoi vous dites que Pâques est une fête alors que c'est le jour où Jésus a été tué !?
L'animateur lui explique, en lisant le passage biblique correspondant, l'événement qui est l'origine de la Pâque.
- C'est le souvenir d'une libération, de la délivrance de l'esclavage de tout un peuple. Voilà pourquoi c'est une fête, comme on fête la libération de 1945 par exemple.
Et surtout, ajoute l'animateur, ce qui compte c'est le rapport du sacrifice de Jésus avec chacun de nous aujourd'hui encore. Car bien au-delà du souvenir, c'est une œuvre intemporelle qui fut accomplie ce jour-là.
- Et c'est quoi ?
- C'est que Jésus étant mort pour qu'au fil du temps les péchés des êtres humains puissent être pardonnés, arrive un jour où c'est nous, personnellement, qui nous trouvons placés face à cette croix. Face au pouvoir potentiel immense de cette mort tout à fait unique.
Parce que Dieu a tellement aimé notre humanité marqué à mort par le péché, qu'il a donné ce fils sans pareil afin que quiconque croit en lui - toi comme moi - puisse échapper par sa foi aux angoisses de la mort et à la domination du péché.

Un jeune prend la parole :
- Moi je peux le dire : J'ai connu cette libération en croyant que la mort comme la résurrection de Jésus est une victoire. Satan croyait gagner, mais il a perdu. Jésus est maintenant mon Sauveur, depuis deux ans ; mon parachute par rapport à la chute d'Adam.
- Ah oui, belle image Adrien !
- Et vous dites il suffit de croire, demande Jérémie !? C'est un peu facile !
- C'est le point de départ. Ensuite la foi est, avec la raison, le fil rouge de toute notre existence dans ce bas-monde.
"Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé !". Oui c'est facile. Mais pourquoi alors pas plus n'arrivent à le croire !?
- Oui, pourquoi ?
- Pourquoi les amis ?
Cyprien - Parce qu'on est tous bien formatés par la culture dans laquelle on naît. Dans un univers athée tu deviens naturellement athée, c'est logique !
Amid - Oui et quand tu es né dans une religion qui t'entoure de partout, tu te mets à croire comme les autres. Sauf qu'ici la laïcité te donne une porte de sortie ! Mais alors tu crois plus vraiment en Dieu, tu l'oublies, et même tu sais plus où tu en es.
- Voilà, ça c'est l'expérience d'Amid. Chacun a un parcours de vie différent avant d'arriver à Jésus.
Antoine veut prendre la parole :
- Moi j'ai eu du mal à croire parce qu'en fait je ne voulais pas avouer mes fautes à Dieu. Je me cachais pour faire des choses mal. Je disais que ça allait bien alors que ça n'allait pas du tout. Je me disais que Dieu peut-être me voyait, s'il existait. Mais je n'arrivais à lui dire ouvertement mon péché...
Et quand j'ai pu lui dire, voilà : j'ai été libéré et j'ai reçu sa paix.
Amid - Y a qu'en trouvant Jésus qu'on trouve Dieu. C'est comme ça ! Maintenant moi aussi je suis cool.
Jérémie - C'est pour ça que vous avez l'air si paisible tous !? C'est rare, et c'est un peu ce qui m'a attiré chez vous.
- Il dépend de toi de recevoir de Dieu le pardon de tes fautes et son Esprit-Saint. Parce que c'est par ce chemin que se trouvent la paix, l'amour, une vraie force face à l'avenir, et l'éternisation de ton âme, c'est-à-dire la vie éternelle...
Veux-tu cela maintenant toi aussi ? Attention : Il ne faut pas répondre oui pour nous faire plaisir ou juste pour faire partie du groupe ! C'est seulement si maintenant tu ressens un réel besoin de Jésus.


Claude Thé - @LGDDV - 2018

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