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La convalescence fut donc le temps où de plusieurs manières et le plus souvent sans intermédiaire, Dieu commença à se révéler à moi.

Vidé de toute activité et projet, j'avais le sentiment qu'une page de ma vie avait été tournée. Apaisé comme jamais, j'acceptais ce repos forcé et, dans la disponibilité qui en résultait, je me mis à ouvrir des livres, ce que je n'avais plus fait depuis longtemps. Plusieurs, encore jamais lus, semblaient être là tout exprès    pour ce temps particulier.

  

   

Un après-midi j'étais dans mon jardin en train de lire Teilhard de Chardin (chercheur, géologue, paléontologue, théologien, philosophe français). 

  

Il parlait là de "La place de l'homme dans la nature" (1965), s'évertuant à concilier sa foi avec la théorie de l'évolution. Cela me paraissait laborieux, et plusieurs fois j'arrêtais la lecture, peut-être pour réfléchir un peu mais surtout comme percevant une sorte d'appel très diffus qui suffisait cependant à m'orienter vers le ciel dont je regardais le bleu et qui m'apparaissait immense. 

  

J'étais là plus vide que pensant, en convalescence d'un grave accident où le déroulement de mon existence avait soudain basculé avec moi dans un ravin où j'avais été projeté par une voiture de course dont le pilote venait de perdre le contrôle. 

  

Je ne croyais en rien. Etais-ce cette notion de Créateur que ces pages portaient qui m'interrogeait? Il me semble que je n'attendais rien; je savais – je ne sais pas comment mais c'était une conviction qui s'était comme écrite en moi, qu'une page de ma vie avait été tournée et qu'il y avait maintenant seulement une page blanche devant moi. 

  

Je venais de vivre ces dix dernières années libre de par ma profession de photographe indépendant, mais aussi comme sous une pression que je n'apercevais même pas et qui avait instantanément sauté au moment où j'avais été accidenté. 

  

Et voilà que dans cet état de vacuité et de disponibilité forcée, soudain devant mes yeux je vois nettement comme un voile - une trame très légèrement grisée - qui est soulevée, découvrant à ma conscience, comme lorsque monte le rideau d'une scène: Dieu! 

  

C'est un ressenti dense, indubitable, Dieu m'apparaissant comme une réalité tout juste en arrière de toutes choses et pouvant faire surface. Dans cette manière il tient de l'immuable, du permanent. 

Je ne le vois pas physiquement, mais c'est comme si je le voyais. Il n'est rien dit, mais dans cette présence il y a en symbiose, en osmose, un nom qui se faire entendre, pas prononcé mais qui est là: Dieu. 

  

D'un coup je sais que Dieu existe! Je le  sais! 

D'un coup d'athée je suis instantanément changé en un croyant! Je sais  que Dieu existe en ce sens qu'il est! Et qu'il est seulement en exil par rapport à nous, juste voilé à nos sens, juste derrière. En réalité bien sûr c'est nous qui sommes les exilés, les chassés - hors des lieux où cette divine présence n'a pu devenir permanente, mais où il peut (sur)naturellement venir et se manifester.  

  

Et ce jour-là dans ce jardin, face à mon infirmité physique, je peux dire que Dieu s'est montré, s'est révélé, m'est apparu dans une dimension habituellement masquée, mettant du même coup en évidence ce qu'a été mon infirmité de conscience jusqu'à cet instant. 

Alors oui, c   Oui, DIEU EXISTE, IL EXISTE VRAIMENT ! omment se taire!? Comment vivre cette expérience sans immédiatement le dire, le crier, autant à quelqu'un qui passe dans la rue qu'au monde entier.

  

Je me suis alors mis à écrire, laborieusement en tapant à quelques doigts sur une vieille machine à écrire ou forçant ma main gauche à tracer ces signes qui transmettent le sens. 

Au fil des jours il y eut comme un bouillonnement intérieur, un feu qui s'était allumé et qui me donnait d'aimer tout le monde, tout ce que je voyais. Au début sans conscience qu'il y ait relation entre la première expérience et celle-ci, maintenant j'aimais, d'un amour dont tout pouvait être l'objet, me retrouvant sans comprendre et sans me poser de question dans un bonheur béat – béant - où d'un coup éclipsaient toute incertitude et crainte quant à mes lendemains d'invalide. 

Tout cela était venu sans même un questionnement, hors de toute attente ou croyance.   Comme un petit-enfant qui reçoit tout de son père ou de sa mère sans presque réaliser qu'ils sont toujours là, je vivais cela comme il joue, centré sur la traduction de mon vécu… et non sur Celui qui me le transmettait. 

  

J'écrivais, j'écrivais, tout fébrile de la révélation et du désir de dire, de dire que Oui, Dieu existe! Cela allait donner "L'appel cosmique", dans lequel j'exprimais mes déductions, développant la disponibilité comme un principe d'accès à ce qui m'apparaissait plus comme une expansion de  ma conscience que comme un geste de Dieu envers moi. (On retourne souvent si facilement les choses, à notre avantage!). J'exhortais donc à prendre son temps, à créer soi-même cette nécessaire disponibilité, plutôt que d'y être contraint par quelque accident...

Dieu m'avait paru là si statique, à la fois si présent et si distant, que j'avais rejoint cette perception principalement acquise par les populations orientales d'une conscience cosmique universelle, un être tout à fait impersonnel, immuable, avec qui on ne communique pas, éternellement présent, dont on est naturellement séparés mais que l'on peut atteindre selon des conditions particulières.

 

Or je n'étais là qu'à une seule expérience, et donc à une perception toute primaire, réduite de sa réalité. Il avait choisi de commencer ainsi, sans que je comprenne alors ce qu'il voulait et allait faire par la suite.

Mais il ne tarda pas à me montrer ce qu'il était encore.

 

*** 

 
Ce qui suivit ne m'apparut pas immédiatement liée à cette expérience. Mais c'était encore un surnaturel puissant, réformateur, extraordinaire. Je me retrouvais maintenant rempli d'amour, le coeur débordant d'un amour merveilleux qui se mit à brûler sans objet visible particulier, inexplicable et si fort que l'envie de chanter me prenait. Mais les mots des refrains qui se fredonnaient alors étaient trop pauvres pour le rendre, l'éteignaient même...

Rien ici ne disait que c'était Dieu. C'était ce genre de feu que j'avais connu une fois étant plus jeune, qui s'était allumé par un regard. J'aimais. Qui, quoi!? Tout, les voitures qui passaient, les arbres, les gens, l'air de ce printemps enchanté mais aussi les pylônes électriques, tout! Et le monde m'apparaissait comme lavé, brillant, tout neuf, comme sont les paysages après certains orages.

J'ai vécu quelques semaines de ce bonheur béat qui gommait tout des incertitudes quant à mon handicap -encore sévère- et à mon avenir. C'était si merveilleux que je transposais cette expérience en un roman, formant laborieusement les mots de ma main gauche seule valide. Par cette écriture je recevais encore un surplus de révélation qui attribuait maintenant totalement à Dieu ce miracle de l'amour accordé. Sur le papier cela devenait une éclaboussante lumière aux rayons jaillissant du ciel, qui inondait une campagne resplendissante où mon personnage (un journaliste qui me ressemblait!) était comme mystiquement engendré, ce qui lui ouvrait accès à un tout nouveau départ...

Bien curieusement - mais j'ai réalisé depuis qu'on est souvent fait ainsi -, je ne cherchais pas pour autant à mieux savoir ce qu'il en était de ce Dieu, à m'approcher de lui par un mouvement, une parole ou une prière. Bien que retourné, converti, je restais centré sur ce côté du Réel, et ma propre personne...

Alors Dieu vint encore. Un soir où j'étais couché les yeux fermés mais pas encore endormi. Soudain je sentis une présence entrer dans la chambre, par le plafond. Elle se mit aussitôt à descendre rapidement vers moi. C'était à la fois très dense et d'une extrême douceur. Très vite je me dis que cette approche allait s'arrêter avant de me toucher, mais voilà que sans autre préambule, la réalité toute immatérielle mais tellement tangible me pénètre, se coule, se fond en moi, s'immerge sans trouble en une osmose sensible qui me laisse comme spectateur. Investi, je suis bien, dans la douceur, immobile, comme en suspens, sans oser interférer avec ce qui se passe.
Surtout, il y avait dans cette présence un nom, (comme) écrit, fort et plein comme elle, et ce nom c'était Christ!...

 

 

Ce site étant en construction, la suite en cliquant sur 

2e article appelé "AUTRES EXPERIENCES AVEC DIEU..."

 

Aussi pour savoir ce qui a précédé, dont l'accident, cliquez sur 

MAIS COMMENT EN ETAIS-JE ARRIVE LA ? 

 

 

 

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Bien cordialement  

 

  

 

 

 

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