26 août 2019
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ENTROPIE
Il y a 60 ans je m'en souviens
Dans les rues seuls des chats et des chiens
Se pistaient, s’hérissaient, se montaient,
Les autos nous laissaient plus en paix.
Dans les prés partout des papillons
Voletaient ; le soir c'était les hannetons
Qui bruissaient autour des lampadaires,
Dans moins de lumière, mais on voyait plus clair.
Les terres étaient riches des fumiers,
On avait pas ou peu besoin d'engrais,
Les grains dans les silos à moitié
Étaient sains, qu'on pouvait re-semer.
Dans les matins frais au soleil rosissant
L'ouvrier léger sortait en sifflant ;
Sur les chantiers, aux ateliers on chantait
Jusqu'au soir en rentrant, heureusement fatigués.
Nos âmes étaient mieux nées,
Nos parents craignaient les autorités,
Sans être les meilleurs parmi les prudes ;
Notre bac s'appelait Certificat d'études.
Parfois l'amour toquait, doucement, pas pressé.
Timides, on le couvait dans le cœur sans parler,
Le mystère était grand, fiançailles et mariage,
Des cadeaux aujourd'hui d'un autre âge.
Le formica brillait, la TSF craquait,
On traversait les rues sans passages cloutés...
Mais déjà s'enflammaient pour les fées électriques
les âmes les voyant déjà comme viatique.
La marée bientôt noire est montée.
Vue de loin noir blanc gris elle semblait
Sans danger : un à un dans les salles à manger
Les écrans sont entrés.
Un prof de philo formé en République,
A bout portant me cible avec sa rhétorique,
Marx, Engels, Camus, Bunuel, Buzzati,
Nietzsche, Sartre, Russell... contre moi tout petit.
La foi est mise à mort, Dieu était alibi,
Mai 68 explose, et bientôt la patrie.
On renverse, on bouscule et on crie Au dialogue !
Qui devient force vive contre les décalogues.
Le Général s'efface et bientôt les armées,
Détabouïsés les sexes sont livrés
Au ciné, aux envies, au plus vil des passions
Jusqu'à la déraison.
C'est la fin, Adieu veaux, vaches, cochons, couvées,
La folie est partout descendue des nuées
Pour faire de l'homme encore, la femme au premier plan,
Une proie, du gibier, et des fraises et du sang.
Jusques à quand Seigneur, tarderas-tu encore
Pour juger l'hérésie, les vivants et les morts ?
Je sais que tu reviens, comme tu es parti,
Pour faire parmi les hommes, ton tri.
C. T. - ALGDDV - 2017
PS La fôte sur la photo, n'est pas de moa !
Published by Claude Thé, humanité et spiritualité
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