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22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 09:48

L'humanité est agitée comme l'eau dans une casserole mise sur le feu !

Échauffées par la température, les molécules que nous sommes se mettent à bouger dans tous les sens, ne peuvent plus tenir en place, forment des mouvements de plus en plus désordonnés, bouillonnent comme du magma au coeur d'un volcan réveillé lançant de plus en plus des projections mortelles, aux bazookas, à la kalachnikov, au couteau, au camion Ceasar, possiblement à l'arme chimique ou nucléaire.

Les jeux vidéo forment depuis quelques décennies deux et trois générations à tirer sans émotions sur une cible humaine pour la tuer. 
Comme on peut apprendre à conduire une formule 1 assis dans son salon, des armées virtuelles sont formées en tous lieux pour réagir dans des situations de guerre.

Et on sait que le passage de la fiction à la réalité n'est souvent qu'une question de temps.

Parce que la fiction, dans ce domaine comme dans d'autres  n'est pas seulement de l'imagination humaine gratuite, aléatoire, superficielle, mais résulte de pensées élaborées, de stratégies qui se développent et se déploient subtilement, progressivement, obstinément, sur plusieurs générations.

Et plus particulièrement ici, c'est un ressort profond de notre nature qui est sollicité, avec lequel nous avons une sombre et puissante affinité.

Ces jeux où l'on tue comme étant nous-mêmes immortels, transcendants, d'ordre divin en quelque sorte, sont parfois si bien faits que même de hautes intelligences humaines n'arrivent pas à cerner tout ce qui est mis dans les programmes qui commandent les joueurs, les spectateurs, les acteurs, voire les leaders humains.

Baudelaire savait par expériences (comme moi-même à mon échelle) de quoi il en retourne des forces vives maléfiques agissantes de l'invisible.

Réelle ou imaginaire, il nous manifeste son humanité en nous rapportant une assertion (un avertissement, une exhortation), dont il aurait eu connaissance par Satan lui-même, d'un prédicateur qui dit en chaire : « Mes chers frères, n’oubliez jamais, quand vous entendrez vanter le progrès des lumières, que la plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu’il n’existe pas ! »
in « Le spleen de Paris », recueil de poèmes en prose écrit (et publié dix ans) après « Les fleurs du mal ».

La vie et les écrits de Baudelaire témoignent – comme des millions d'autres de tous les temps – de l'existence de cette créature sorti de son rang angélique pour devenir le premier des démons, Satan, ennemi de Dieu et des hommes.

Mais je voudrais surtout ici mieux regarder et faire rebondir cette parole du prédicateur qui dit tant de choses en si peu de mots !

«  chers frères » pour dire qu'il considère notre fraternité humaine, qu'il nous voit face à ce qui va suivre comme partageant une condition qui suscite la compassion, l'affection les uns pour les autres.
Comme on peut davantage ressentir ce genre de sentiment et le partager quand on est pris ensemble dans une situation dramatique, tragique, au cœur de forces mauvaises puissantes, qui peuvent avoir raison de nous, de notre raison même.

« N'oubliez jamais », que voilà une exhortation solennelle ! Deux mots qui devraient suffire à ce qu'on les remarque, et jusqu'à ce qu'on les enseigne dans les écoles dès le jeune âge, s'agissant de ce qu'il a tant à cœur de partager de grave avec ses semblables, tous ses semblables, le genre humain.

L'oubli ! Qu'est-ce que l'oubli, puisque précisément c'est se souvenir de rien. C'est ce qui n'est ni dit ni pensé, de l'ordre d'un non-être, d'un néant, un vide, une absence, un trou noir.
Mais un simple oubli peut être une cause lourde d'un poids terrible de conséquences. Oublier de fermer un robinet alors qu'on part pour des heures ou des jours, robinet d'eau ou d'arrivée de gaz...

Le serviteur de Dieu, ici servi par Baudelaire qui le rapporte, a compris qu'il y a déjà eu oubli ; ce qui a ouvert sur des silences coupables et bien certainement sur des souffrances obscures, sombres, de l'âme, au plan de la santé ou des finances, qui ont ruiné des vies ou des familles, et aujourd'hui on peut dire des sociétés, des nations. Autant de désastres qui auraient pu être évitées, si on n'avait pas oublié de dire. Si la transmission de ce savoir n'avait pas été interrompue.

Et voilà par quoi le poète a été vulnérable. Pire, comme beaucoup encore, il a juste assez cru au diable pour en jouer, s'en moquer ou l'invoquer comme s'il était une personne sans pouvoir, sans méchanceté viscérale, avec qui on peut traiter des affaires.

A l'opposé, le prédicateur a « de la bouteille ». Il n'a pas forcément eu à descendre dans les bas-fonds de la misère pour en avoir saisie l'origine : Il a cru ce qu'il en a entendu de la part de l’Évangile éternel, du Fils de Dieu, au point de vouloir lui-même être lumière sur le sentier de ses semblables, flambeau pour ses frères spirituels ou d'humanité plus jeunes ou moins bien équipés.

Il aborde un point de dynamique particulière de la condition humaine, avec un mot qui n'a rien de poétique, qui s'accorderait plutôt avec quelque chose de technique : Il parle de « progrès ». D'un processus évolutif qu'il ne faut pas perdre de vue s'agissant d'un domaine qu'il va maintenant définir par deux mots seulement, mais si précis malgré qu'il soit synthétique et générique : « des lumières ».

« Les lumières » définissent ainsi le mouvement des pensées, des idées, essentiellement du XVIIIe siècle (un siècle avant lui) qui vise en Europe à se défaire du carcan de la puissance religieuse (catholique, luthérienne et anglicane) qui règle les cours des politiques royales et de l'économie.
Ainsi de la liberté née du désœuvrement de quelques hommes bien instruits, souffrant du poids de dogmes inexpliqués ou controuvés, naît la capacité, à la suite notamment de la circulation des textes fondamentaux (grecs anciens, latins, bibliques) de formuler des pensées personnelles (le « Je pense, donc je suis » de Descartes).

Ce qui donne un foisonnement, désorganisé comme d'un bouillon de culture, formant des philosophies qui se veulent le plus souvent anticléricales, émancipatoires de dogmes - et de vérités !? -, caractérisées par l'impiété et la force montante de la subjectivité, qui suit sans effort cette pente qui fait « jeter le bébé avec l'eau du bain » - Dieu avec les eaux sales et usées des traditions et des religions qui le représentent et servent si mal.

C'est ainsi que Denis Diderot (qui crée la première encyclopédie) glisse d'une foi personnelle authentique (« L'oeil, l'aile du papillon, suffisent à nier la négation de Dieu ») dans la mécréance (« la philosophie est le premier pas vers l'incrédulité »).

Voilà ce que sont « les lumières », quelques philosophes dont parle Baudelaire, qui en a vu et vit de près les effets délétères.

Il y a ce pragmatisme sauvage des idées portant à la liberté  à partir de la Révolution (régicide) de 1789, avec des hommes et des partis animés par l'arrogance et la haine démoniaque, les impérialismes napoléoniens et leurs destitutions, les premières républiques marquées par des affrontements sanglants, le massacre de 1848...

En famille, le goût qu'il a pris des idées progressistes se heurtent à la rigueur d'un beau-père militaire, qui aussi vient entraver sa relation sensible avec sa mère.

De ces deux faces d'une actualité violente, contraignante, qui s'imposent à la conception qui s'est forgée en lui par l'étude, Baudelaire veut croire à un idéal d'existence, où la beauté poétique pourrait se passer de morale, où encore il est acculé ou tenté de chercher dans « la confiture verte » (résine des fleurs femelles de cannabis aujourd'hui appelée haschich) et l'absinthe (alcool fort) le soutien nécessaire pour connaître en lieu et place des réalités hostiles ou pour pallier aux difficultés naturelles de l'amour, des paradis artificiels ou du moins quelque oubli temporaire.

Il écrit des émanations de ces pesanteurs et vapeurs, avec une application par la suite admirable et une lucidité spirituelle qui n'est pas encore, malgré sa notoriété, bien comprise.

Il n'a pas fait attention en lisant Descartes, que celui-ci avertit dans son « Discours de la méthode » où il dit qu'il faut remettre en cause toutes les opinions reçues, le formatage sociétal dans lequel on a grandi, qu'il faut aussi, surtout, bien veiller en cette démarche à ne pas appliquer la forme systématique du doute à la Divinité, réalité hors du monde et dont il n'y a pas à douter, étant d'un autre ordre que du nôtre foncièrement relatif.

Et le prédicant de lancer le même genre d'avertissement essentiel, plein de justesse et empreint de compassion : « Mes chers frères, n’oubliez jamais,
quand vous entendrez vanter le progrès des lumières,
que la plus belle des ruses du Diable
est de vous persuader qu’il n’existe pas ! »

Il dit là que la ou les philosophies essentiellement libérales ou libertaires du XVIIIe* ont des effets du même ordre que de se soumettre à des drogues hallucinogènes.

_____________
* je les appelle des philonouces plus que philosophes, sophia (en grec) étant la sagesse en ce qu'elle garde un rapport à la vérité, noos étant plus typiquement la raison personnelle, qui n'en a cure des vérités transcendantes autant que des opinions des autres.
_____________________


Une tierce réponse aussi peut-être à la phrase coup de poing de Karl Marx « La religion, c'est l'opium du peuple », ce dernier se trouvant dans ce même temps, avec « ses » idées subversives, habiter ou séjournant à Paris.

Baudelaire comprend-il « au passage » que ces nouvelles lumières, matérialistes, athées, militantes, ne sont pas que de l'irréligion humaine qui libèrent les mœurs et incitent à la violence civile, mais les expressions d'une volonté et d'une activité plus subtiles, plus haut placées, en amont, qui sont sataniques !.

Il fait certainement lui-même le rapprochement des misères et souffrances avec cette source maléfique première des pressions qu'exercent à la suite, en sous-fifres, ceux qui « vantent le progrès des lumières » ? C'est-à-dire qui font la promotion de l'impiété au profit d'une évolution de société plus libre, mais dont les convulsions de plus en plus révolutionnaires, dénaturées, controuvées, attestent que devenir libre, se désaliéner, n'est pas si simple.

C'est qu'on est là, quel que soit le temps qui passe et les progrès qu'on cherche à faire, dans une dynamique d'évolution sociétale problématique, qu'on appelle progressisme, voire aujourd'hui le wokisme, où le mal se combat en cherchant des concepts et des comportements sans cesse nouveaux.
Idées et comportements à inventer, qu'on veut neufs comme jamais, alors même qu'on ne fait que revenir à des situations antiques !

Or les progrès n'amènent pas la paix qu'ils devraient être censés apporter. Les oppositions, parfois justes, sont bâillonnées, l'erreur pouvant être plus violente que la vérité pour s'imposer, pour prendre tout le terrain.
 

Une évolution qui devient de plus en plus transgressive, non seulement de quelque dogme ou rigueur religieuse, mais encore de la conscience personnelle en ce qu'étant du domaine de l'esprit, elle est naturellement empreinte d'objectivité, de justesse, de bon sens, et encore en correspondance avec la nature.

Et l'initiateur de ce vaste mouvement de dérives n'est pas même la pensée humaine, l'humain au cœur méchant, mais pas à ce point. C'est la puissance invisible de l'air, l'ange de lumière déchu devenu Satan, le Démon, le diable qui a réussi, outre sa création du non-bien, à s'entourer d'un tiers des anges.

à suivre...
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